Sunday, June 17, 2012

Repositionner l’eau au coeur de Rio+20 : il y a urgence !

Les premiers doutes autour d'un consensus
A l'occasion du Sommet Rio+20, les Ateliers de la Terre, Ecologie sans frontières, France Libertés et Green Cross France et Territoire ont publié mi-avril une déclaration commune. Ils constatent non sans colère, que les travaux préparatoires ont spolié le paragraphe 67 qui insistait notamment sur la nécessité du droit à l'eau et à l'assainissement. 


Voici cette déclaration. 


"Le droit à l’eau et à l’assainissement est en danger et nous devons réagir rapidement avant qu’il ne soit trop tard. L’échéance de Rio + 20, ne doit en aucun cas marquer de recul, en particulier sur ce droit fondamental.
Dans le cadre des négociations internationales qui préparent le texte de base de la conférence Rio+20 sur le développement durable, nos associations ont constaté avec effroi une nouvelle rédaction du paragraphe 67. Ce paragraphe était essentiel à nos yeux.

Les notions de droit à l’eau, à l’assainissement et à la souveraineté alimentaire, présents dans la première mouture du texte, ont tout simplement disparu. Cette situation, si elle se confirme, est une régression sans précédent des droits de l’homme qui met à risque la subsistance de plus d’un milliard de personnes.
André Abreu, qui représentait France Libertés aux négociations préparatoires des 23 et 24 mars à New York, précise que «  les organisations réunies au Forum Social de Porto Alegre dans le groupe thématique sur l’eau pour Rio+20, ne pouvaient pas imaginer un tel démantèlement du texte originel qui citait plus de trois fois le droit à l’eau. »

A l’origine de ces régressions se trouvent l’Australie, le Canada, les Etats-Unis, le Japon, mais aussi désormais l’Europe. L’Union Européenne, affaiblie notamment par l’échec du processus politique au Forum Mondial de l’Eau à Marseille et une diplomatie française désormais privée de ministre de l’Environnement et du Développement Durable, suit désormais sur l’eau une position privilégiant le marché à la régulation. La France est inaudible sur l’eau, sans représentation ministérielle et suite à l’échec du processus politique du Forum Mondial de l’Eau, et l’Europe ne porte pas encore ce sujet au niveau d’implication politique qui devrait être le sien.

Comme l’indique Franck Laval, président d’Ecologie sans Frontière, « l’eau est la seule ressource non substituable nécessaire à la vie. Le texte actuellement proposé consacre le triomphe du chacun pour soi, et nie les enjeux de subsistance et d’utilisation raisonnée de la ressource. ».

Nous devons désormais agir rapidement, en prévision du round de négociations internationales décisif des 23 et 24 avril, pour réintégrer dans le texte de base la mention explicite de l’affirmation du droit à l’eau, à l’assainissement et à la souveraineté alimentaire.

Emmanuel Poilane, Directeur de France Libertés rappelle : « si nous laissons passer l’échéance de Rio avec un recul sur le droit à l’eau alors c’est tout le travail des 5 dernières années qui sera réduit à néant. Si par contre, nous réussissons à faire avancer le droit à l’eau alors c’est la possibilité d’imaginer des avancées politiques internationales pour les biens communs ».

C’est pourquoi nous déployons des actions concertées dans deux directions complémentaires :
Appeler tous les organes de la représentation nationale(Ministériel, Assemblée nationale, Sénat) à prendre immédiatement des positions publiques fermes et sans ambigüité réaffirmant la volonté française de voir aboutir dans la déclaration Rio+20 le droit à l’eau, à l’assainissement et à la souveraineté alimentaire, 
-  Faire entendre la voix de la société civile qui réclame la reconnaissance de ces droits, et ce de la manière la plus large possible, notamment en y associant les entreprises citoyennes qui souhaitent voir ces droits reconnus plus rapidement, et de manière ambitieuse.

George Gendelman, associé fondateur des Ateliers de la Terre, précise que « plus que jamais, le temps d’une co-construction est venu : sur les territoires, nous identifions très régulièrement, et dans de nombreuses parties du monde, des initiatives ambitieuses servant le développement humain et d’environnement, avec des modèles sociaux et économiques qui forcent le respect. Il est temps que ces acteurs puissent accéder à la représentation internationale, et faire entendre une voie de paix et de raison ».

Le droit à l’eau, à l’assainissement et à la souveraineté alimentaire est nécessaire à notre survie. Sa mise en œuvre effective doit être notre engagement commun, en commençant par les plus fragiles. C’est un enjeu essentiel de solidarité, de prévention des conflits, de maintien de la paix.

Nicolas Imbert, directeur de Green Cross France et Territoires, indique qu’ « une bonne gouvernance de l’eau et de l’assainissement sera mené à bien uniquement par une approche fondée sur les droits humains, et par des investissements adaptés, avec une implication informée et concrète de la société civile. Ne sapons pas la reconnaissance par les Nations Unies en 2010 du droit humain à l’eau potable et à l’assainissement. Au contraire, partageons nos expériences pour mettre en œuvre conjointement et soutenir ces droits, de manière concrète. C’est la meilleure manière de servir conjointement économie verte et développement humain, et d’initier à Rio+20 un travail concret de co-construction entre gouvernements et autorités, société civile et entreprises. »

Le processus Rio+20 ne sera ni acceptable ni accepté par la société civile si il ne consigne pas expressément ces droits dans sa déclaration. Et ceci suppose une voix forte et réaffirmée de la France et de l’Europe, ce qui n’était pas le cas fin mars.
A Rio+20 et dans les mois suivants, nous nous assurerons de la mise en œuvre effective de ces droits. Un calendrier raisonnable et contraignant (18 mois maximum), des engagements transparents, factuels et vérifiés, seront les garants d’un progrès de long terme. Nous y veillerons.

Il y a urgence."

Pour en savoir plus: 

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